La Gazette de Leyde
Sa forme la plus courante est celle d'un cahier de 4 pages (environ 12 cm par 19 cm) dans lequel le texte s'organise en deux colonnes. À partir de 1739, l'ordinaire est accompagné en général par un supplément (2 puis 4 pages à partir de 1753) dans lequel le texte se présente en pleine page. La première page du cahier porte les armes de la province (un Lion surmonté d'une couronne). Elle paraît deux fois par semaine, les mardis et jeudis, soit 104 ou 105 numéros/an. Elle est imprimée sur du papier de qualité variable (en générale mauvaise en temps de guerre), en caractères serrés (et encore plus en temps de guerre ou d'afflux de nouvelles).
Elle a eu pour directeurs Jean Alexandre de LA FONT (1677-1685), Claude JORDAN (1685 ?-1688?), Anthony de LA FONT (1689-1738), Etienne l LUZAC (1738-1772 ; il collaborait déjà à la gazette depuis 1723, d'après J. Popkin)) ; Jean II LUZAC, neveu du précédent (1772-1798). La famille Luzac, venue de France après la révocation de l'Edit de Nantes comptait aussi parmi ses membres des écrivains et des imprimeurs libraires ; les deux Luzac de la gazette en furent à la fois les directeurs, propriétaires du privilège, et les rédacteurs.
Comme les autres gazettes, celle de Leyde donnait essentiellement des informations politiques et commerciales, classées par origine des nouvelles et par date d'arrivée (les plus anciennes, venant des terres les plus lointaines, venant en premier). On y trouve cependant parfois des faits-divers, des éléments de discours éditorial (essentiellement sous la rubrique Leyde), des publicités (en fin d'ordinaire). Elle se distingue par des prises de position nettes contre l'absolutisme royal français : pour la tolérance religieuse, en faveur des jansénistes au moment de la querelle des sacrements ; elle soutient les Parlements, l'indépendance américaine, le progrès... Elle est, d'après J. Popkin, « la seule gazette à lier ouvertement l'attentat de Damiens contre Louis XV en 1757 à la contestation du pouvoir royal ». Mais elle est peu favorable à la Révolution française, ce qui explique sans doute sa suppression en 1798, donc trois ans après l'invasion des Pays-Bas par la France et la révolution batave. Elle reparaît sous le nom de Journal politique pour durer jusqu'en 1811, mais sans jamais regagner son audience et sa qualité.
Voir : J. Popkin, notice « Gazette de Leyde », in Sgard (dir.), Dictionnaire des journaux, 1991, et notice « Luzac, Jean » in Sgard (dir.), Dictionnaire des journalistes, 1999 ; Theresa Goruppi-Manetti, notice « Luzac, Etienne », » in Dictionnaire des journalistes.
La mise en ligne de la Gazette de Leyde a été rendue possible par la numérisation des microfilms aimablement mis à notre disposition par la Bibliothèque Royale de Belgique.